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Sans même l'utiliser, votre téléphone vous empêche d'apprendre

Par Yazid Cherradi

D'après le rapport statistique d’utilisation des emails (Radicati & Levenstein ; 2015), les utilisateurs enverraient et recevraient en moyenne 126 mails par jour. Un récent sondage IFOP (2017) révèle que 78% des cadres environ consultent leurs emails en congés. En cause, l'accès simplifié aux boîtes mails via nos smartphones où que nous soyons.


Mais saviez-vous surtout que la seule présence de votre smartphone suffit à altérer la qualité de vos apprentissages ? Oui, sans même que vous ne l’utilisiez (Thornton et al., 2014, cités par Ward et al., 2017) ! Comment cela ? Et bien l'article d'aujourd'hui a pour objectif de vous expliquer comment est-ce possible, tout en vous donnant quelques recommandations pouvant optimiser vos apprentissages. Démontré dans une recherche menée par Ward et al., (2017), ce phénomène s’explique par 2 facteurs que sont l’emplacement du téléphone et la dépendance de son propriétaire.


1- L’emplacement de votre téléphone


Lorsque vous déposez votre téléphone au-dessus de votre poste de travail, il vous est davantage nuisible que si vous l’éteigniez et l’enfermiez dans un tiroir loin de votre regard. Il est donc important avant de démarrer une tâche d’apprentissage, d’éteindre son téléphone et de le placer dans un endroit qui ne vous soit pas visuellement accessible. Pour expliquer cet effet, lorsque votre téléphone vous est visuellement accessible, votre attention est automatiquement orientée vers lui (Ward et al., 2017). Cela veut dire que lors d’une tâche d’apprentissage, vous ne pouvez pas vous empêcher d’orienter votre attention vers votre téléphone déposé juste à côté de vous (Ward et al., 2017).


Pour reprendre votre tâche principale d’apprentissage, il vous faut inhiber l’orientation automatique de votre attention vers le téléphone. Cependant, cette action par laquelle vous empêchez votre attention de se focaliser sur le téléphone a un coût cognitif ; autrement dit, vous avez besoin d’allouer des ressources attentionnelles pour pouvoir effectuer l’inhibition. Et rappelez-vous, nous avons déjà expliqué dans un article précédent que nos ressources attentionnelles sont limitées (Baddeley, 2000), et que les diviser parmi plusieurs tâches implique une baisse de la performance (Léger, 2016). Ainsi, vous pouvez comprendre que lorsque vous souhaitez revenir à votre apprentissage, et donc inhiber l’orientation automatique de l’attention vers le téléphone, votre performance à la tâche d’apprentissage baisse.


En réorientant votre attention focalisée sur le téléphone, il vous reste moins de ressources attentionnelles à attribuer à votre tâche d’apprentissage ; le résultat en est la détérioration de la qualité de votre apprentissage.

2- La dépendance au téléphone


Plus vous êtes tributaire de votre téléphone, plus sa présence est délétère à vos apprentissages (Ward et al., 2017). Vous pouvez également vous dire, dans une perspective plus optimiste, que plus vous êtes en dépendance de votre téléphone, plus son absence vous est profitable (Ward et al., 2017). Ceci fait que, lors d’une tâche d’apprentissage, une personne fortement dépendante sera plus grandement affectée par la présence de son téléphone, et soulagée par son absence. Voilà une bonne raison pour surveiller votre usage quotidien du téléphone et contrôler votre environnement de travail.


A ce propos, il existe des applications mobiles permettant de contrôler son temps d'utilisation quotidien (e.g., grâce à l'application Forest vous planter un arbre lorsque vous mettez votre téléphone de côté pour une durée précise). Toutefois, même si les moins dépendants ne sont pas impactés avec la même acuité et sévérité que les autres, il n’en demeure pas moins que l’effet nuisible du téléphone reste présent (Ward et al., 2017). En d’autres termes, que vous soyez dépendant ou non de votre téléphone, sa seule présence suffit pour nuire à vos apprentissages.


 

Vous l’avez bien compris, éloigner votre téléphone vous permet d’optimiser vos apprentissages. Mais, en plus de cela, il est aussi important de s’assurer qu’il soit éteint (Ward et al., 2017). Sans cela, les vibrations et sons signalant de nouvelles notifications vous parviendront ou, à défaut, vous serez dans un état d’hypervigilance empêchant la seule focalisation sur la tâche principale. D’ailleurs, pour Clayton et al. (2015, cités par Ward et al., 2017), entendre son téléphone sonner sans pouvoir le consulter provoque des réactions de stress et d’augmentation du rythme cardiaque, dégradant l’apprentissage. De ce fait, une autre recommandation en lien avec les notifications émerge, à savoir de désactiver les notifications de votre ordinateur si celles-ci ne sont pas en rapport avec la tâche en cours.


En résumé !


L’article d’aujourd’hui avait pour objectif de vous démontrer comment la seule présence de votre téléphone suffit à altérer vos apprentissages. Les principales recommandations à retenir ici sont les suivantes :


- Eteignez votre téléphone

- Placez-le dans une autre pièce

- Gardez l’œil sur votre consommation de votre téléphone

- Désactivez les notifications de votre ordinateur



Ces recommandations ne sont que quelques-unes parmi celles qui se retrouvent dans la littérature scientifique. C'est pour cela que nous reviendrons bientôt avec d'autres articles, pour de nouvelles recommandations !



La team IfisLab





Références bibliographiques :


Baddeley, A. (2000). The episodic buffer: a new component of working memory?. Trends in cognitive sciences, 4(11), 417-423.Léger 2016


Radicati, S., & Levenstein, J. (2015). Email Statistics Report, 2015-2019. Radicati Group, Palo Alto, CA, USA, Tech. Rep.


Léger, L. (2016). L'attention. Dunod.


IFOP. (2017). Les cadres et l’hyper connexion – Vague 2. Récupéré à partir de https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2018/03/3825-1-study_file.pdf


Ward, A. F., Duke, K., Gneezy, A., & Bos, M. W. (2017). Brain drain: The mere presence of one’s own smartphone reduces available cognitive capacity. Journal of the Association for Consumer Research, 2(2), 140-154.

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