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Décryptage de l'attention : partie 1

Dernière mise à jour : 17 avr. 2023

Par Yazid Cherradi et Louise Perche


Les différents types d'attention


Avant de commencer à lire notre article sur le décryptage de l’attention, veuillez prendre le temps de regarder la courte vidéo ci-dessous !



Alors ? :-)


Le gorille invisible : histoire d’une expérience sur l’attention


Le Gorille Invisible, tâche expérimentale dont la première version fut élaborée en 1999 par Daniel Simons et Christopher Chabris, tendait à prouver que ce que nous pensons percevoir n’est pas toujours le reflet exact de la réalité. L’expérience fut réussie puisque près de la moitié des participants à l’étude n’ont pas remarqué le gorille se balader au cœur des passes des deux équipes. Nos buts peuvent tellement focaliser notre attention sur un élément de la scène que nous nous retrouvons aveugles d’éléments pourtant bien présents (et bien poilus) au centre de l’image. L’effet mis en avant dans cette vidéo fut nommé cécité d’inattention.


Depuis, les chercheurs en ont écrit un livre mettant en avant l’impact de notre méconnaissance du système cognitif sur notre vie quotidienne.











SOS nos ressources attentionnelles sont limitées !

L'expérience précédente met en avant le rôle central de l’attention dans notre perception du monde et ses principales fonctions telles que la sélection, l’inhibition ou l’orientation.


Nous sommes constamment enveloppés d’une myriade d’informations internes (e.g., pensées, souvenirs) et externes (e.g., sons, odeurs, objets), qui ne cessent de varier. Les ressources de stockage et de traitement du système cognitif étant limitées (Baddeley, 2000), le sujet ne peut pas traiter simultanément toutes ces informations ; il se doit par conséquent d’en sélectionner celles qui sont pertinentes à traiter, et d’inhiber les autres.


En d’autres termes, même si vous arriviez à compter les passes et voir le gorille passer, vous ne pourriez pas en plus remarquer que l’un des étudiants part et que les rideaux changent de couleur. Grâce à l’attention, vous allouez les ressources limitées dont vous disposez aux informations utiles vous permettant de compter les passes (ou de détecter le gorille si c’est votre but lors du deuxième visionnage).

 

Dans ce qui suit, nous vous proposons de mieux comprendre votre propre système cognitif afin d’être conscient des potentialités et des limites de votre attention.



Pour cela, nous allons tout d'abord définir l’attention telle qu’elle est conceptualisée en psychologie cognitive ;


Puis vous verrez ensuite que les formes d'attention sont multiples, et nous distinguerons les 3 principales formes d'attention.



L’attention : bref historique et définition


L’étude de l’attention n’est pas nouvelle en psychologie. En 1890, déjà, William James en donnait une définition fonctionnelle. Pour lui, l’attention permet la perception, la sélection, l’inhibition et la distinction. Il la définissait de la manière suivante :

« L'attention est la prise de possession par l’esprit, sous une forme claire et vive, d’un objet ou d’une suite de pensées parmi plusieurs qui semblent simultanément possibles ».

Cette définition est importante, dans la mesure où il s’agit de la première définition de l’attention dans l’histoire de la psychologie.


Aujourd’hui, l’attention est considérée comme un processus cognitif, qui permet de choisir les informations pertinentes à traiter parmi celles qui sont disponibles, et qui de ce point de vue, optimise le fonctionnement du système cognitif. Les choix des informations à traiter effectués grâce à l’attention, sont tributaires de la pertinence des informations par rapport à l’activité en cours et la tâche à réaliser (Léger, 2016a). L’attention permet, en somme, le traitement approfondi de l’objet sélectionné et l’inhibition des objets distracteurs. Elle est donc d’une utilité incontestable pour l’intégralité de nos activités quotidiennes. A défaut de pouvoir sélectionner les informations par la fonction de l’attention, il nous serait impossible de lire un livre, de tenir une discussion, de suivre les étapes d’une recette culinaire, etc.

A cette première définition, nous pouvons introduire une distinction entre attention endogène et exogène, en fonction de la nature des stimuli à l’origine de son orientation.


Attention endogène

L’attention est dite endogène lorsque le sujet oriente expressément son attention vers un stimulus. Elle est liée à la pertinence de l’information par rapport au but. Par exemple, vous décidez de compter les passes faites entre les membres de l’équipe blanche.


Attention exogène

A l’inverse, l’attention exogène consiste en une orientation automatique de l’attention. C’est elle qui agit en cas de saillance, lorsque par exemple un bruit surprenant interrompt votre lecture.


Mais notez bien que cette distinction n’est pas exclusive ; attention endogène et exogène peuvent être complémentaires.


Sous l’effet de la saillance, vous orientez dans un premier temps votre attention de manière automatique (exogène). Mais, si le stimulus détecté est jugé comme pertinent, l’attention endogène peut prendre le relais pour que l’information soit plus profondément traitée, ce qui peut vous amener à produire une réponse adaptée.


L’attention comme concept multidimensionnel


Tel que nous l’avons mentionné, il existe différentes formes d’attention, les principales étant :


L’attention sélective

L'attention divisée

L’attention soutenue





L’attention sélective

Comme son nom l’indique, l’attention sélective est celle qui permet de sélectionner, parmi toutes les informations qui nous entourent, celles qui sont pertinentes pour nous. C’est un filtre sélectif qui privilégie le traitement de certains messages au détriment d’autres (Lieury, 2011). Elle peut être conçue comme un filtre ayant pour principal objectif le perfectionnement de la gestion des ressources attentionnelles limitées du système cognitif, notamment en opérant une sélection quant aux informations à traiter. Il s’agit d’inhiber les informations non pertinentes, pour se focaliser sur les informations cibles (Lieury, 2015).


L'attention divisée

Quant à l’attention divisée, elle consiste à répartir son attention sur plusieurs tâches ou entre plusieurs informations (Léger, 2016a). Dans cette situation la performance est grandement détériorée, ce qui explique la prohibition de l’usage du téléphone lors de la conduite automobile. Néanmoins, il nous arrive de réaliser différentes tâches en même temps ; vous pouvez par exemple lire un livre en buvant votre café, ou encore cuisiner en écoutant de la musique. Dans ce cas, il faut que l’une des deux tâches soit automatisée, ce qui implique une exécution à un moindre coût cognitif, ou bien que le coût des tâches réunies soit inférieur aux ressources attentionnelles disponibles.


L’attention soutenue

L’attention sélective et l’attention divisée font écho à la fonction de sélectivité de l’attention. Mais, l’attention peut également se définir sur la base de la temporalité. Ceci nous conduit à évoquer la dernière forme d’attention que nous présenterons ici, l’attention soutenue. Pour la définir, l’attention soutenue renvoie à la capacité de maintenir dans le temps son attention (Léger, 2016a). Cependant, il n’est pas possible de garder indéfiniment son attention soutenue, puisque les performances déclinent considérablement après trente minutes environ (Léger, 2016b). Ceci justifie l’importance de faire des pauses lorsque nous conduisons ou sommes en situation d’apprentissage, puisque cela permet de soulager le système attentionnel.



En résumé !

L’attention est un processus cognitif qui permet d’orienter la sélection de l’information qui nous entoure. Elle dépend de la saillance des éléments composant notre environnement, de la tâche à effectuer et de nos attentes. Nous en avons présenté ici trois formes, que sont l’attention sélective, l’attention divisée et l’attention soutenue.

Vous avez maintenant en main toutes les clés pour comprendre pourquoi la majorité des personnes ne voient pas les changements qui opèrent dans notre vidéo du gorille invisible. En effet, la consigne de compter les passes de l’équipe blanche oriente l’attention vers cette équipe, ce qui amène les participants à inhiber ce qui se passe autour (apparition du gorille, disparition d’un membre de l’équipe en noir, changement de couleur du rideau). Ces informations ne sont pas pertinentes pour la réalisation de la tâche principale.

L’attention est donc une fonction cognitive centrale dans la construction de notre représentation du monde et notamment dans les apprentissages !

C'est pourquoi IfisLab a décidé de lui accorder une série d’articles intitulée "Décryptage de l’attention".


On se retrouve très vite pour comprendre plus précisément, dans le prochain épisode, comment les chercheurs arrivent à mesurer notre attention en laboratoire.




La team Ifislab



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